SNPB : 20 ans !

LA SOCIÉTÉ NATIONALE POUR LE PATRIMOINE DES PHARES ET BALISES A VINGT ANS EN 2022 : LE BEL ÂGE

2022 marque le vingtième anniversaire d’une présence continue de la SNPB au chevet du patrimoine des phares et balises. Notre long cheminement au militantisme convaincu a longtemps évolué dans un environnement pas du tout enclin à reconnaître officiellement que le corpus des phares et balises détenait tout le potentiel d’un patrimoine maritime national à préserver. Le temps a fait son œuvre.

Vingt ans est une étape. L’occasion de dresser le synopsis de ces années d’action, celles de la naissance d’un patrimoine, objet de déni ou d’appropriation mercantile, cause de ralliements tardifs et intéressés, mais sujet de passion et d’engagement pour les pionniers de sa défense. En relater le déroulé minutieux serait un exercice hors de ce propos plus modeste qui souhaite montrer comment une cause juste n’est jamais perdue pour peu que sa flamme résiste au temps.

Prêcher dans le désert ? Pas tout à fait …

Fondée en 2002, la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises (SNPB) écrit l’histoire de ce patrimoine depuis ses débuts. Pionnière de la notion de patrimoine des phares elle a toujours soutenu que ces monuments procédaient de la mémoire maritime du pays, ce qui à l’époque, passait pour incongru. Une anecdote éclairera ce propos. Quelques mois après la création de la SNPB,une première entrevue fut enfin obtenue avec les instances nationales en charge des phares. Cette rencontre restera une expérience d’anthologie au cours de laquelle la distanciation technocratique fut toute aussi intense que la douche suscitée sur notre enthousiasme. Nous faisions face à un monologue embrouillé à dessein, cherchant à nous convaincre que les phares n’étaient en aucun cas du patrimoine mais de simples instruments d’un service public technique et qu’ils étaient parfaitement entretenus. Si l’on fait fi de l’histoire, Versailles n’est en effet pas plus qu’un assemblage de matériaux. Nous avons fort heureusement par la suite rencontré de nombreux acteurs et usagers du balisage reconnaissant aux phares cette dimension patrimoniale. Les langues se déliaient et certains soutiens, issus du service, choisissaient l’anonymat eut égard au climat délétère de l’époque que faisait régner un certain discours officiel.

D’autres pensaient que nous prêchions dans le désert. Or les graines étaient semées et il en aurait fallu davantage pour nous convertir à l’abandon de notre projet que ces Cassandre qualifiaient d’irraisonnable sinon de fou. Il s’agissait en effet de faire reconnaître les phares comme patrimoine et provoquer les circonstances qui mèneraient un jour à leur sauvegarde. Autrement dit, devenir acteur de l’évolution patrimoniale de ces phares, tous empreints d’un pan important de l’histoire maritime de notre pays. Un choix au long chemin sans aucun doute, mais la détermination est un puissant moteur.

Une force de frappe

Alors que nos découvertes et révélations montraient à quel point l’écart était grand entre réalité et discours autorisé, l’aura de la SNPB grandissait et les soutiens se manifestaient de plus en plus. Les médias, la presse écrite notamment, jouèrent un rôle essentiel dès les débuts. Ils restent un levier puissant et déterminant. Plus tard, l’opération «Lumière sur Tévennec» sera bien évidemment le déclencheur de l’intérêt porté par un cortège de médias de toutes catégories, de France comme de l’étranger. Au cours de ces années, reportages, interviews, articles, et vidéos, signés par les plus grands médias, ont sensibilisé plusieurs millions de spectateurs et lecteurs. Dans ce sillage médiatique, de nombreuses personnalités sont venues soutenir la démarche de la SNPB et restées à ses côtés. Tout comme le grand public qui a participé à cet élan d’intérêt depuis les origines. Des artistes reconnus, aux supports variés, ont trouvé l’inspiration à Tévennec, démontrant ainsi la justesse de notre programme de résidence sur un phare en mer. Notre prétendue utopie est désormais devenue réalité convoitée. Ces soutiens et médias, de toute nature et jusqu’aux plus renommés, représentent désormais une grande force de frappe au service du patrimoine des phares et balises. Car une cause juste ne saurait grandir à l’ombre de ses contempteurs.

Affiche 20 ans

La terrible saga d’un vaste patrimoine

La SNPB a dû défendre ses objectifs et pour cela adopter des positions nécessairement contrastées face à une opinion officielle adepte de la célèbre rengaine «tout va très bien Madame la Marquise». Délivrer le constat de la vérité peut conduire à endosser le rôle de grain de sable. Certaines réunions furent cordialement glacées et force est de constater que la défense du patrimoine n’attira pas que la bienveillance à notre égard. Énoncer ce qui manque dans un ensemble patrimonial dont l’inventaire n’est pas suivi ne pouvait plaire à ses administrateurs. Vouloir comprendre les « disparitions », voire en chercher l’origine, engendrait rarement la sérénité des débats et ouvrait les horizons infinis des méandres administratifs où s’évanouissaient fort à propos les requêtes. Parmi de nombreux dossiers, citons l’invraisemblable disparition de l’entier mobilier du phare du Planier (Marseille) que nous retrouverons des années plus tard en vente publique à Paris. Au-delà de son aspect rocambolesque, cette affaire relevait d’une enquête et assez probablement du pénal. Si suite lui fut donnée elle ne nous est jamais parvenue. Comment savoir ? Quand on appartient à la société civile et si l’on comprend que cette appellation est un euphémisme autorisé pour signifier que l’on est pas du sérail, il ne reste qu’à s’excuser pour l’outrecuidance de ses questionnements. Ou faire front.

Ce que nous fîmes en 2003 par exemple pour sauver le site du phare du Stiff (Ouessant), promis à une vente à la découpe par les Domaines à la demande du service des phares. Les deux maisons de gardiens concernées dans cet ensemble exceptionnel furent, sur notre intervention, attribuées au Conservatoire du Littoral. Le site échappait à son démembrement. Suite au Grenelle de la mer le phare sera transféré au Conservatoire et désormais l’ensemble du site, dûment restauré par ce nouveau propriétaire, est un des hauts lieux du patrimoine des phares ouvert au public. Bien entendu, si nous dénoncions l’attitude du service des phares c’est qu’il en était le gestionnaire direct mais en réalité sa marge de manœuvre était plus qu’étroite face à l’assujettissement aux règles d’une administration pléthorique. Il reste que l’on peut toujours y apporter plus ou moins de zèle. Un conflit d’appréciation bien connu.

Telle est la terrible saga d’un vaste patrimoine. C’eût pu être une affaire bien menée car le fonds était riche et surtout encore très présent, tout juste exhumé d’un temps qui relevait pour partie de l’ancienne vie des phares. Ce fût un désastre orchestré par l’absence de suivi attentif et minutieux dont firent preuve dogmatisme et pesanteur structurels. Au fond, ce qui est arrivé au patrimoine était prévisible car les conditions de ses tribulations étaient réunies et leurs prémisses perceptibles, sous réserve d’y porter une attention éclairée. Déjà le déclin avait été annoncé par la mutation de l’ancien service des phares, important et jouissant d’une grande autonomie, qui fut réduit au rang de bureau sur l’organigramme ministériel. L’automatisation systématique des feux dès les années 80 fut aussi déterminante. En vidant progressivement les phares de toute présence, elle délaissait ainsi un matériel important qui, brutalement muté du service actif au déclassement, devint l’objet de concupiscences diverses et personnelles. Car l’automatisation des phares en mer suppose leur électrification préalable et donc la dépose de l’ancien système d’éclairage au pétrole incandescent, parfois l’ancienne optique. Ces pièces historiques aux matériaux de haute qualité, étaient parfaitement entretenues en état de service par les gardiens. Ces objets présentaient toutes les qualités pouvant attiser les envies. Il faut savoir que ces interventions furent la plupart du temps le fait de sociétés sous-traitantes titulaires de ces marchés et il faut aussi se demander qui pouvait bien avoir techniquement la capacité de délester un phare en mer de ses matériels pesants voire de ses meubles et boiseries. Il faudrait aussi évoquer tout ce que le service lui-même a dispersé et détruit sous les fourches caudines des tableaux comptables. Qu’un phare s’adapte à l’évolution technologique, rien de plus normal. Que cela se fasse sans le suivi attentif de son inventaire patrimonial ne peut être que préjudiciable.

Nous avons des années de notes, témoignages, documents divers sur toutes ces questions épineuses dont beaucoup irrésolues qui sont autant de sources illustrant cette situation et dont la compilation serait trop longue ici.

Persévérance

La SNPB, forte de ses membres et soutiens, a milité âprement toutes ces années pour faire reconnaître ces palais du littoral comme dignes d’entrer au panthéon du patrimoine de la France maritime. Mais que de temps et d’énergie, de démonstrations et notes auprès des diverses instances tant il est vrai que ce qui se conçoit suscite aisément réunions et mots pour le dire tandis que ce qui devrait se réaliser souffre de procrastination, syndrome d’une néoplasie administrative paralysante apte à torpiller les initiatives.

Il aura fallu attendre sept ans pour qu’en 2009, le Grenelle de la Mer, qui demanda à la SNPB d’apporter sa contribution, permette aux phares d’acquérir le statut de patrimoine. Du moins juridiquement, car les solutions concrètes avancées, quoique ayant l’heur d’avoir été formulées, ont manqué d’une vision globale et novatrice. L’inventif ne sort pas toujours du chapeau des grandes réunions. Au vrai, il convient de considérer que le patrimoine des phares n’est pas un patrimoine comme les autres car la fonction première de ces édifices est de rester opérationnels pour le service de balisage. Ceci induit une dichotomie, à savoir deux profils aux contraintes parfois divergentes pour un unique édifice, le phare établissement du balisage actif et le phare monument patrimonial. Le Grenelle de la mer, à l’instar de notre proposition, a proposé que la gestion des phares ne soit plus uniquement opérationnelle mais intègre une dimension patrimoniale (Engagement N° 103). Une proposition de bon sens et sans doute trop nuancée qui a plongé les deux ministères concernés, l’écologie à l’époque et la culture, dans un sourd conflit de compétences aux civilités de bon aloi. Une situation qui a quelque peu évolué au cours des dix dernières années alors que progressivement les phares devenaient monuments historiques. En réalité, au nom de la mission régalienne, autorité et contrôle sur ces édifices relèvent toujours du service du balisage.

Un militantisme au service des phares en mer

Le Grenelle de la mer scella la cause des phares à terre en les rendant à la visite. Alors que les collectivités, qui associaient enfin phare et patrimoine, en retirait dans l’enthousiasme les bénéfices, la SNPB comprenait que les grands laissés pour compte étaient les phares en mer, patrimoine dont tout un chacun s’accordait à le trouver exceptionnel, unique, fabuleux, emblématique, source d’inspiration, de mystère et de romantisme puissant, mais pour lequel aucun de ces admirateurs ne sut jamais s’engager d’une quelconque manière, fût-elle symbolique. Ces monuments se dressaient bien visibles en mer et tant qu’ils tiendraient debout la raison de leurs thuriféraires l’emporterait, préservant leurs prébendes attachées à ces nouveaux sanctuaires du patrimoine. Figures hiératiques d’un passé désormais romantisé à l’eau de rose et non de mer, les phares du large ont été la cible de spéculations soutenues par leurs contempteurs. Aussi folles qu’irresponsables pour ne pas dire grotesques, au palmarès de ces brillantes idées il y a le choix entre laisser la mer les achever, ce qui hélas eut lieu pour certaines tourelles historiques, et emplir les tours avec du béton pour qu’elles résistent. Ce fut le temps de nos zoïles, dont on ne peut que dénoncer les inconséquentes décisions qui affectèrent irrémédiablement le patrimoine de plusieurs phares en mer. On oublie pas que peu de temps avant leur classement, les phares en mer d’Iroise ont été la cible de campagnes de «travaux de nettoyage» radicaux. Tel ce feu, un beau jour de juillet 2013, au pied du phare de la Vieille, alimenté par des pièces de bois jetées au bas de la tour. Aux jumelles on voyait des parties de mobilier et lambris… Du patrimoine en fumée ? Tel ce jour au cours duquel le phare d’ Ar Men fut vidé sans ménagement des «saletés accumulées par des générations de gardiens» (sic). Du patrimoine aux ordures ? Des méthodes que l’on aurait cru d’un autre temps. Reconnaître ce qui peut devenir patrimoine est affaire de sensibilité subtile à ne pas confier à tous les.esprits. Débusquer le patrimoine vernaculaire n’est pas une question d’études. Reconnaître qu’une optique de Fresnel relève du patrimoine est d’une froide évidence. Sauver du feu une chaise cassée gravée au nom d’un gardien c’est vouloir conserver ce qu’il y a de plus marquant et rare dans le patrimoine, la trace du quotidien d’une vie écoulée. Depuis le Grenelle de la mer, plusieurs vagues de classement et d’inscription à l’Inventaire sont intervenues au profit d’environ la moitié des édifices remarquables. La dimension patrimoniale des phares prend progressivement sa place.

S’engager pour la sauvegarde d’un patrimoine maritime aussi exceptionnel et connu du monde entier fût dès lors l’objectif premier de la SNPB. Dans cette perspective elle signait en 2011 une convention d’occupation pour un phare en mer, Tévennec. L’objectif était double : restaurer le lieu pour l’ouvrir à un usage alternatif et l’ériger en emblème de la défense des phares en mer. L’un et l’autre ont été atteints hormis la restauration des lieux malgré un intense travail de préparation du dossier des travaux et la mobilisation d’entreprises mécènes. Cette autorisation fut retirée au dernier moment par l’administration désireuse de reprendre la main dans le cadre du plan concernant les phares en mer, sujet évoqué plus loin. Mais notre propos n’est pas ici de détailler cette période largement documentée depuis l’opération “Lumière sur Tévennec”.

Il faudrait aussi inscrire au tableau du militantisme les navigations, les démarches, réunions et conférences, les participations aux salons, colloques et festivals maritimes, les articles et publications qui ont jalonné toutes ces années pour porter la voix de la SNPB partout en France, des littoraux aux villes de l’intérieur, des publics passionnés les plus variés aux cabinets ministériels. Un itinéraire de propositions hélas contraintes par une époque adepte de la RGPP,* cette religion de « l’art de faire mieux avec moins ». La cause des phares, et singulièrement celle des phares en mer, devait rester affaire de passion et de large partage pour un jour émerger.

Vingt ans après…

Quoi qu’il en soit, notre action, désormais reconnue et suivie depuis vingt ans, devait un jour porter ses fruits. Toutefois lorsque le décideur est la puissance publique, tout projet doit d’abord entrer en phase avec ses choix politiques du moment, notamment ceux des finances publiques. Or il semble que la situation actuelle ait évolué favorablement.

Que l’on en juge. La fameuse rigueur budgétaire s’est muée en «programme d’action publique». On ne parle plus de « révision » mais « d’action ». La différence n’est pas uniquement sémantique. De rigueur, les choix financiers de l’État sont devenus relance budgétaire. La pandémie est passée par là. La création d’un ministère de la mer en juillet 2020, muni de compétences réelles parmi lesquelles la gestion des phares et balises a été déterminante.

Ainsi, avons-nous eu cette année la confirmation par le ministère de la Mer, convaincu par ailleurs par notre long militantisme, qu’il préparait un plan de restauration des phares en mer, doté d’un financement public pluriannuel. Son élaboration suppose une période de mise au point que notre impatience à le voir aboutir trouve légitimement longue. Néanmoins, nous appliquons un suivi régulier et vigilant à l’avancement de ce projet. Il est vrai qu’en matière de travaux maritimes l’échelle du temps, toujours longue, s’étire entre études préparatoires, financements et mise en chantier. L’histoire de la construction des phares en mer nous rappelle que parfois plusieurs dizaines d’années se sont écoulées entre un projet et sa réalisation concrète. Nous n’en sommes sans doute plus là et assurance nous a été donnée d’être informés dès la complétude de ce plan. Ce qui en toute logique, l’annonce remontant à mars dernier, devrait normalement être enfin annoncé dans les semaines à venir. Au reste, sachant que désormais la mise en avant du patrimoine maritime est une priorité ministérielle revendiquée, le paradigme de cette mise en valeur n’aura de cohérence qu’en assurant sa protection. Et si la SNPB est particulièrement fière de porter l’étendard du patrimoine des phares et balises depuis ses origines, c’est à ses membres et soutiens qu’elle le doit, souvent depuis les premières années.

Une aventure loin d’être achevée, tant s’en faut !

Au cours de ces vingt ans, la notion de patrimoine des phares et balises a pris forme, est devenue concrète et finalement s’impose de nos jours. Le champ d’investigation reste immense.

« La France doit pouvoir valoriser et s’appuyer sur son patrimoine lié à la mer, et mieux mettre en avant ces richesses trop peu visibles à l’échelle nationale »

précise le communiqué conjoint des ministères de la Mer et de la Culture annonçant la création d’une mission chargée de rédiger un prochain rapport dans ce sens. Le « patrimoine exceptionnel que constitue les phares recevra une attention particulière » poursuit le texte . De quoi nous réjouir. Nous ne pouvons que contribuer activement à ce que nous attendons depuis si longtemps et avons contribué à bâtir. Voici un programme qui s’annonce riche. Avec le programme de restauration des phares en mer, il faudra se pencher sur l’organisation de la gestion de ce patrimoine pour laquelle s’impose un modèle adapté à ses contingences, notamment celles liées à la mise en œuvre de la seconde vie des phares, dont Tévennec. Le devenir du patrimoine désaffecté du balisage actif constitue aussi un pan important qui méritera toute notre attention. Comme on le voit, notre devise “Sauvons nos Phares” a de belles années à venir.

Marc POINTUD Président de la SNPB

Chevalier du Mérite Maritime

Aller plus loin:

L’histoire de la SNPB année par année.

Le patrimoine des phares et balises

Nos phares un patrimoine inestimable à sauvegarder

L’affaire du phare du Stiff

Notre combat pour Tevennec : pourquoi il faut aider la SNPB

Où en est le projet Tévennec ?

Voici une question récurrente, en tout cas pour celles et ceux qui ont des difficultés à prendre la mesure de ce projet, des obstacles à surmonter et de l’engagement qu’il représente. Un rappel de sa genèse et des conditions qui l’entourent s’impose.

Laissez-les mourir…

A la suite du Grenelle de la mer, au cours duquel il a été demandé à la SNPB de faire part de ses perspectives concernant le patrimoine des phares, le devenir des phares en mer est demeuré une question centrale. Tout à chacun·e ne tarissait pas de qualificatifs dithyrambiques pour louer ce patrimoine unique. Photographes et reportages ne cessaient de puiser leurs productions aussi sensationnelles que lucratives dans la mise en situation de ce patrimoine au sein d’environnements tempétueux tandis que d’autres ne s’interdisaient pas de prôner de “les laisser mourir de leur belle mort”

Rien n’a démontré une volonté d’organiser leur sauvegarde de manière coordonnée et planifiée, hormis leur classement. La logique comptable l’emportant, tout a été dit y compris les pires sophismes, ces raisonnements à l’apparence de vérité mais de mauvaise foi.

Ainsi il a été soi-disant démontré que la restauration du phare d’Ar-Men engloutirait le montant colossal de dix années de l’entier budget des affaires culturelles de la région Bretagne, les laissant orphelines de tous moyens financiers pendant une décade ! Pour mesurer l’artifice de ce paradoxe il convient de relever deux arguments essentiels que l’on s’est gardé d’introduire dans cette démonstration.

Le premier est qu’un tel chantier ne saurait se réaliser en seule année. Acheter une voiture est sans doute faisable. Mais si l’on prétend que cet achat coûtera le montant de tous les véhicules que l’on aura dans sa vie, la propriété de la première voiture devient impossible.  Un tel raisonnement biaisé n’aurait pour dessein que celui de ne jamais permettre l’achat d’une voiture. Cependant l’argument suivant est de loin le plus important pour la SNPB.

Halte à la résignation !

Si nous avons toujours défendu ce patrimoine en tant que patrimoine public, et en particulier milité contre sa vente à la découpe, nous avons de même toujours dénoncé le recours systématique au financement public pour sa sauvegarde. Qui connaît l’état des finances publiques sait qu’en réalité la vraie question est celle du “fléchage” , comme l’on dit,  des crédits. En d’autres termes des financements existent mais ils ne sont pas pour le patrimoine , sinon à la marge, et encore moins pour celui des phares. Faut-il pour autant se résigner en rase campagne à voir inéluctablement disparaitre ce patrimoine maritime exceptionnel ? 

Certes, l’attitude d’un Docteur Tant Pis est plus confortable à tous points de vue et laisse le loisir de ravauder photos et textes répandus pour accoucher autant de livres que possible sur ce sujet si porteur.

En marge de ce propos, il faut rappeler que l’ensemble du patrimoine des phares et balises est potentiellement capable de s’autofinancer en grande partie à la condition expresse que sa gestion soit mutualisée, structurée et coordonnée, ce qui est à l’évidence loin d’être le cas. Une doctrine exposée et défendue par la SNPB depuis près de vingt ans mais qui ne s’accommode guère des baronnies locales…

La priorité pour un patrimoine en difficulté est que sa sauvegarde soit effective, en d’autres termes que les travaux nécessaires soient faits. Mais ces travaux devraient impliquer le moins possible les finances publiques, voire ne rien faire peser sur elles. Un raisonnement que nous nous efforçons d’appliquer pour la restauration de Tévennec mais cette démarche, n’est pas la plus aisée. Tant s’en faut.

Les grands projets requièrent du temps

Hors de tout financement public, il ne reste qu’à recourir aux dons et cotisations, au mécénat des entreprises et au bénévolat. Tous moyens accessibles à une structure associative et favorisés par les dispositions de la loi sur le mécénat du 01 août 2003 prévoyant leur défiscalisation indispensable.

Si le bénévolat est nécessaire, notamment pour l’aide apportée sur place, il trouve cependant ses limites lorsqu’il s’agit de travaux d’importance où professionnalisme et sécurité sont en jeu. Ce qui est souvent le cas pour des chantiers de gros œuvre dans des lieux difficiles, comme à Tévennec. 

Dons et cotisations, défiscalisables aussi, constituent la ressource indispensable aux financements des actions induites par le projet auxquelles il faut faire face. Côté mécénat, une entreprise qui offre son expertise, ses matériaux ou matériels, reçoit comme contreparties une défiscalisation de 60% de la valeur apportée et surtout une belle visibilité de communication pour sa participation à un chantier hors normes ainsi qu’un support médiatique exceptionnel car des travaux sur un phare en mer, menés par une association, constituent un sujet remarquable et spectaculaire pour tous les médias.

Mais c’est autour de cette question du mécénat que la notion de temps intervient. Pourquoi ? Simplement parce que décider une entreprise à apporter son aide ne se fait pas d’un claquement de doigts. Un chef d’entreprise doit être convaincu du sérieux de l’opération, porté par un enthousiasme certain pour le projet, rassuré par la longévité, la notoriété et la légitimité du porteur du projet. Toutes qualités qui ne s’acquièrent qu’avec le temps. 

Après avoir obtenu l’autorisation de s’occuper de Tévennec en 2011, ce n’est que plusieurs années d’efforts et de recherches plus tard, couronnées par le succès de l’opération “Lumière sur Tévennec”, que la SNPB a vu, et ceci seulement depuis deux ans, s’ouvrir les portes d’un mécénat de plus en plus présent. Et si la mécanique est enfin lancée, elle doit être entretenue en permanence et reste fragile car dépendante de nombreux facteurs dont principalement celui du chiffre d’affaires du mécène lui-même. Au cours de ce temps, d’aucun·e·s extérieur·e·s au suivi du projet penseront : “Mais que se passe-t-il enfin pour Tévennec ?”.

Alors voici le point sur la situation.

Les pièces du puzzle pour la réfection du toit de la maison-phare se mettent en place. Une entreprise de couverture est fière d’avoir choisi d’être celle qui fera ce chantier. Le fournisseur des matériaux nécessaires a été approché avec succès et l’enthousiasme est aussi de son côté. Les plans en trois dimensions du phare, intérieur et extérieur, et du rocher, ont été levés en juillet dernier grâce au mécénat très engagé de deux entreprises de Lyon. La mise en forme des données est en cours. Une entreprise de maîtrise d’œuvre spécialisée dans le patrimoine bâti et son architecte sont au chevet de ce futur chantier. Ils préparent le complexe mais nécessaire dossier administratif (plans, permis de construire, autorisations, etc).

D’autres entreprises partenaires sont dans la boucle pour des interventions à venir telles que la maçonnerie, la taille de pierre, les ouvertures, l’énergie, etc. Rendez-vous, contacts, réunions et conférences de présentation du projet se succèdent ici et là en France. Nous espérons une première tranche de travaux pour la belle saison prochaine. Restent les questions cruciales relatives au transport et à divers aspects logistiques. Vous qui lisez ces lignes, si vous pensez pouvoir apporter votre aide en participant à cette aventure, raisonnée mais unique, prenez contact avec la SNPB.

Nous sommes donc désormais très avancés. Nous ne recevons pas de subventions et n’avons pas d’autres aides que les cotisations, les dons, le  mécénat, le bénévolat et par dessus tout la foi en ce projet qui verra la restauration du premier phare en mer. Tout doit être mis en œuvre pour que cette dernière ligne droite aboutisse à cette première tranche de travaux. Avec vous nous ne sommes pas seul·e·s à soutenir cette action concrète en faveur du patrimoine des phares. Nous comptons sur vous pour nous apporter votre aide, quelle qu’elle soit.

A propos des dons : lire l’article

Tévennec toit coté est
Tévennec toit coté est. Photo C.O.I

Faire un don à la SNPB

La SNPB a été reconnue d’intérêt général par le secrétaire d’État au budget le 26 juillet 2004.

Elle ne reçoit aucune subvention ni aide publique. Ses seules ressources sont les cotisations, les dons et le mécénat. Toutes donnent lieu à la remise d’un reçu fiscal et sont donc éligibles à la réduction d’impôt.

En naviguant sur le site vous apprécierez le chemin parcouru par la SNPB depuis 18 ans en faveur du patrimoine des phares, vous apprécierez les enjeux à venir et percevrez à quel point votre aide personnelle, financière ou matérielle, selon les cas, lui est indispensable.

Le prélèvement à la source n’a rien changé la fiscalité du don fait aux organismes d’intérêt général. La réduction fiscale accordée est toujours de 66% pour les particuliers, dans la limite de 20% des revenus et de 60% pour les entreprises dans la limite de O,5% du chiffre d’affaires H.T.

Les dons qui seront déclarés avec les revenus en avril 2020 doivent être réalisés avant le 31 décembre 2019.

En pratique :

  • J’ai fait un don en 2018 et donc bénéficié d’une réduction d’impôt. L’intégralité de ma réduction d’impôt m’a été soldée en juillet 2019.
  • En  janvier 2020 je bénéficierai de cette même réduction et recevrai un acompte de 60% du montant de cette réduction d’impôt.
  • C’est en juillet 2020 que le solde de ma réduction d’impôt sera adapté en fonction d’un nouveau don, fait ou absent, au cours de 2019.

Ce qui signifie que :

  • Si j’ai fait un don ouvrant une réduction d’impôt égale à celle de l’année précédente je recevrai en juillet le solde de l’acompte de 60% reçu en janvier soit 40% du montant de la réduction réajustée après ma déclaration de don faite en avril.
  • Si j’ai fait un don ouvrant une réduction d’impôt inférieure à l’acompte de 60% reçu en janvier, il me sera demandé de rembourser la différence en juillet.
  • Si je n’ai pas fait de don, je n’aurai pas droit à une réduction d’impôt et donc devrai rembourser en juillet l’acompte de 60% reçu en janvier.

Exemple chiffré

  • En 2018 j’ai fait un don de 300 euros ouvrant droit à une réduction d’impôt de 198 euros.
  • Avec les acomptes de janvier 2019 (60% soit 118,80) puis de juillet 2019 (40% soit 79,20) les impôt m’ont rendu 198 euros.
  • Sur cette base, les impôts, présumant que je vais refaire un don semblable m’adresseront en janvier 2020 un acompte de 60% de ma probable réduction d’impôt soit 118,80 euros.
  • En juillet 2020 il me sera adressé le solde exact, du ou à devoir, selon ma déclaration faite en avril.

Conséquences :

  • Si j’ai fait un don en 2019 semblable à celui de 2018 les acomptes reçus des impôts en janvier 2020 et juillet 2020 seront semblables.
  • Si j’ai fait un don inférieur en 2019, par exemple 200 euros, je n’ai plus droit qu’à 132 euros de réduction d’impôt. Comme j’aurai déjà reçu 118,80 euros en janvier 2020, mon solde à recevoir en juillet 2020 et calculé par les impôts ne sera que de 66 euros.
  • Si je n’ai pas fait de don en 2019, je devrai rembourser en juillet 2020 l’acompte de 118,80 euros reçu en janvier 2020 et bien sûr je ne recevrai plus d’acompte en janvier 2021.

La réduction fiscale accordée par la loi est faite pour abonder financièrement la SNPB. N’hésitez pas à nous interroger pour toutes précisions. Vous pouvez aussi consulter le site officiel dédié à ce sujet.

Comme chaque année et avec nous, le patrimoine des phares compte sur votre soutien.

Faire un don à la SNPB

Adhérer à la SNPB

Phare d'Armen dans la tempete ©Charles Marion
Phare d’Armen dans la tempête ©Charles Marion

UNE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE AU VENT DES PHARES

Le week-end dernier s’est tenu à Paris l’assemblée générale de la SNPB.

Membres et délégués venus de divers horizons, régions et étranger, membres du Conseil national et représentant le mécénat, tous étaient présents pour débattre des actions à venir et fixer le calendrier des travaux à Tévennec.

Les débats se sont ouverts sur une présentation du nouveau site internet dont l’efficace référencement monte en puissance depuis la mise en ligne trois semaines seulement auparavant. Ce site, aux fonctions évolutives, sera capable d’accueillir l’élargissement prévu de l’action de la SNPB.

Une large discussion s’est ensuite tenue afin de tracer l’évolution de la SNPB au regard de la situation du patrimoine des phares et balises. Ces heures d’échanges fructueux font ressortir la volonté de permettre à l’association de développer de son action dans un cadre plus large en liaison avec les nombreux acteurs de ce secteur.

Quant à Tévennec, le programme de sa restauration avance résolument. Une nouvelle mission préparatoire sera menée au début de l’été, notamment pour en finaliser le plan 3 D et recueillir les informations techniques indispensables à la réalisation du dossier travaux. Cela permettra aussi de faire fabriquer en amont les éléments à installer lors du chantier, tels que fenêtres, portes ou pièces de charpenterie. En effet, compte tenu du coût du transport des matériaux et matériels, il a été décidé de prévoir une intervention aussi large que possible de façon à globaliser l’approvisionnement du chantier. Enfin, le temps de l’instruction du dossier et de l’obtention des autorisations diverses est évidemment à prendre en compte. C’est donc l’an prochain que le chantier sera mené.

L’assemblée a aussi constaté que depuis que le semi-rigide, acquis grâce à de généreux donateurs, avait été saboté, il n’était plus en mesure d’apporter le service attendu. Elle a donc décidé que la SNPB devait le vendre et que le produit serait affecté à l’opération Tévennec, nonobstant toutes réserves quant à une possible action à l’encontre du ou des auteurs de cette voie de fait dont les preuves sont largement établies.

Pour le volet institutionnel, et suite à l’adoption à l’unanimité des rapports moral et financier, l’assemblée a élu au Conseil national, Madame Marine Bruneau (Communication) et Monsieur Pascal Bunz (Finances). Par ailleurs elle a entériné la nomination de Monsieur Julien Dameron en tant que membre d’honneur et webmaster de la SNPB. Enfin, le délégué pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, Monsieur Remi Schoeler, considérant son champ de compétences professionnelles, à été investi de la réalisation du dossier travaux de Tévennec.

Les débats se sont poursuivis d’une façon informelle au cours d’un diner partagé.

Le nouveau pharesetbalises.org est arrivé !

Après deux ans de travaux, le nouveau pharesetbalises.org est en ligne. Et nous en sommes fiers. Outre sa présentation soignée au look très attractif il recèle de très nombreuses fonctionnalités désormais indispensables à la SNPB.

Nouveau site de la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises
Diapositive 1
Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises
Nouveau site !

Venez découvrir cet espace dédié à l’action de la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises en faveur de ce riche patrimoine qui jalonne les côtes de France.

Découvrez notre association qui depuis 2002, œuvre à la préservation de ce patrimoine unique. Revivez nos grandes opérations sur notre nouveau site qui s’adaptera à votre navigation, du smartphone à l’ordinateur de bureau.

Suivez-nous avec notre newsletter, l’Echo des Phares, les flux RSS ou les réseaux sociaux, mais sachez que nous sommes bien plus diserts dans l’Echo des Phares !

Si vous le souhaitez, vous pouvez consulter le Magasin du Phare où vous trouverez des articles en lien avec la SNPB et ce patrimoine, tous vendus au profit de l’association.

Si vous souhaitez nous aider à réaliser nos objectifs, vous avez la possibilité de faire un don pour soutenir l’action de la SNPB en faveur de ce patrimoine. N’oubliez pas qu’elle ne reçoit jusqu’à présent aucune aide publique. Enfin, rejoindre notre démarche en adhérant à la SNPB c’est évidemment prendre un engagement fort envers ce patrimoine qui mérite, plus que jamais, toutes nos attentions.

Dernier point : le site a été bénévolement réalisé par Julien Dameron, membre de la SNPB. Il a opiniâtrement consacré des centaines d’heures à sa réalisation depuis les débuts ! Il est en charge du site. Qu’il en soit vivement remercié et félicité. Si vous souhaitez lui adresser un message n’hésitez pas à lui faire part de vos retours en le contactant ci-dessous.

Place à la découverte du site ! Nous espérons qu’il vous plaira.

Nous vous souhaitons une bonne visite.

Pour tout sujet d'ordre générique, utiliser "Contacter la SNPB". Si vous avez un soucis avec le site web de la SNPB, merci d'utiliser "Remonter un point technique au webmaster de la SNPB"

Opération sauvons le phare de Tévennec avec Couleurs de Bretagne

Pour la saison 2019, l’association Couleurs de Bretagne a décidé de prolonger l’opération “Sauvons Tévennec”. Les artistes sont invités a réaliser peintures ou dessins autour du thème des phares et balises. Un concours sélectionnera les premiers d’entre eux. A cette occasion, la SNPB offrira au premier prix la possibilité de visiter le phare de Tévennec.

En 2018, en collaboration avec Couleurs de Bretagne, la SNPB avait proposé de mettre en œuvre le talent des artistes autour de la signalisation fluviale et maritime de France et d’Outre Mer.

En résultera des expositions–ventes en Bretagne dont les produits seront répartis entre les artistes, Couleurs de Bretagne et la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises au profit de la restauration du Phare de Tévennec.

Consultez l’article “Sauvegarde de Tévennec : Les artistes s’y mettent !” sur Couleurs de Bretagne

Sauvegarde de Tévennec : Les artistes s'y mettent!
Sauvegarde de Tévennec Les artistes s’y mettent !